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Alexis St-Gelais – Note de recherche

L’extrait à l’hexane (ou concrète) des jeunes fleurs mâles du saule discolore (Salix discolor Muhlenberg) a été analysés par chromatographie en phase gazeuse. Hormis des composés cireux, les principaux produits détectés sont des alcools à odeur florale et le salicylaldéhyde. Les résultats sont un bon exemple de l’utilité de transformer les concrètes en absolues.

Figure 1. Gros plan de fleurs mâles de Salix discolor. La couleur jaune provient du pollen à l'extrémité des étamines dressées.

Figure 1. Gros plan de fleurs mâles de Salix discolor. La couleur jaune provient du pollen à l’extrémité des étamines dressées.

Dans notre région, une des toutes premières plantes à fleurir au printemps est Salix discolor, aussi appelé saule discolore. Les individus femelles de cette espèce arbustive de saules portent des châtons verdâtres, alors que leurs vis-à-vis mâles portent plutôt des fleurs d’un jaune vif (figure 1). Ces dernières, paraissant avant les feuilles, colorent le paysage autrement plutôt terne du début de nos printemps (figure 2). Ces fleurs dégagent également un parfum floral subtil. Cela dit, les fleurs contiennent souvent si peu de composés volatils (le seuil d’olfaction n’est pas toujours un bon indicateur de rendement) que l’extraction d’huile essentielle exigerait des quantités prohibitives de matière végétale, à l’instar de la rose ou du nérolier.

Afin d’avoir une idée rapide des molécules responsables de l’arôme du saule sans devoir en récolter des kilogrammes et des kilogrammes, nous avons plutôt extrait une poignée de fleurs mâles avec de l’hexane pendant 48 h, puis concentré l’échantillon sous vide avant de l’analyser par chromatographie en phase gazeuse. Les résultats (tableau 1) sont assez typiques de ce genre d’extraits aromatiques non-polaires, aussi appelés concrètes dans le vocabulaire de la parfumerie.

Table 1. Composés volatils de la concrète de fleurs mâles de Salix discolor

tableau_salixdiscolor_fr

Les composés volatils sont la plupart du temps non-polaires, une caractéristique qui contribue à leur donner un point d’ébullition bas (tel que discuté auparavant ici). Ainsi, l’hexane ou le cyclohexane sont de bons solvants pour les extraire, sur la base du principe « le semblable dissout le semblable ». Ces solvants ont également une grande affinité pour les composés non-polaires plus lourds, et de ce fait peu volatiles, comme les cires et les acides gras. Ces molécules ne se retrouvent que rarement dans les huiles essentielles, sauf dans des cas spéciaux (comme l’huile de rose, et j’y reviendrais ultérieurement sur ce blogue), mais sont abondantes dans les concrètes. Dans le cas présent, les cires et acides gras représentent plus de 74% des composés détectés totaux.

Ici, le terme « cires » réfère à n’importe quel composé comportant une longue chaîne de carbones, avec peu ou pas d’autres fonctions chimiques. Sous forme de composés purs, ils ont une texture cireuse, et non cristalline. Les cires les plus abondantes (aussi appelées paraffines) sont les alcanes, simplement désignés par le nombre de carbones qu’ils contiennent selon une nomenclature chimique systématique: tricosane (23 carbones), tétracosane (24 carbones), et ainsi de suite jusqu’au nonacosane dans le cas présent. Ces molécules sont souvent abondantes sur la surface des fleurs et des feuilles, où leur nature hydrophobe contribue à limiter la transpiration et la perte d’eau dans l’environnement. Elles protègent aussi les tissus végétaux mous des intempéries et blessures, de la même manière qu’un imperméable ciré. Les cires peuvent également comprendre des cétones aliphatiques (comme la 2-nonadécanone, ici), des aldéhydes (comme le tétracosanal) et des alcools (aucun détecté ici).

Les acides gras, pour leur part, peuvent provenir de parois cellulaires lipidiques brisées par le solvant ou d’une petite fraction d’huile végétale présente dans les fleurs. Il est probable qu’après hydrolyse, plus d’acides gras seraient libérés par les triglycérides, qui sont si peu volatils qu’ils ne peuvent être détectés par l’analyse en phase gazeuse, mais sont probablement extraits dans l’hexane.

Figure 2.  Les fleurs mâles d'un individu buissonnant paraissent bien avant les feuilles.

Figure 2. Les fleurs mâles d’un individu buissonnant paraissent bien avant les feuilles.

L’odeur des fleurs à proprement parler provient des quelques composés plus volatils rapportés dans le tableau, principalement l’alcool phényléthylique (odeur de rose), le salicylaldéhyde (dont l’odeur rappelle certains médicaments), le linalol (odeur florale ou de bois de rose) et l’alcool benzylique (également avec des notes de rose).

Cette analyse montre bien qu’une concrète contient généralement beaucoup de composés indésirables, ne contribuant pas à l’arôme. C’est la raison pour laquelle l’industrie de la parfumerie préfère utiliser des absolues, qui sont le résultat de la solubilisation d’une concrète dans de l’éthanol qui est ensuite filtré, le libérant de toutes les cires insolubles. Si nous avions poussé l’expérience jusque là, nous aurions probablement obtenu un extrait beaucoup plus riche en alcools à odeur florale, et possiblement détecté plusieurs composés mineurs qui sont pour le moment « dilués » par les cires abondantes.

En conclusion, l’odeur florale des fleurs mâles de Salix discolor proviennent d’alcools à odeurs florales typiques.

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